vendredi 7 novembre 2014

On ferme...

Apu
Apu.
Ben oui. Comme ça, c'est dit, c'est plié.
Cela fait déjà un bon paquet de temps que la question se posait pour moi de savoir si l'énergie déployée dans ce combat servait effectivement à quelque chose.

La lutte contre la réforme des rythmes scolaires a fini par avoir raison de moi. J'ai atteint la limite de ce que je peux consacrer à une cause. Le moteur est fatigué, l'embrayage patine, ça couine de partout, bref : je me sens plutôt sur le chemin de la casse que sur l'autoroute des vacances.

Explications.

La réforme des rythmes scolaires, c'est d'abord et avant toute chose une mesure imposée par le gouvernement Hollande 1. Certains croient encore aujourd'hui qu'une loi a été votée pour mettre en place ce machin : c'est faux. Un décret a été pris, ce qui laisse mesurer la dose effective de processus démocratique utilisée dans la fabrication de ce machin.

Pour illustrer le propos, sachez mes chers petits que dans des temps reculés, où l'on battait monnaie un peu partout, il fallait faire tinter les pièces pour savoir si elles étaient de bon aloi (c'est-à-dire si elles contenaient une quantité suffisante de métal précieux pour correspondre à leur "valeur faciale", ou si c'était du toc).
Trébuchet pour les sous
Trébuchet pour faux monnayeur
(bye bye...)
C'était avant la généralisation de la balance de type trébuchet (d'où l'expression "monnaie sonnante et trébuchante", et paf une couche de culture, c'est gratos ne me remerciez pas, j'aime me la péter, c'est ainsi), c'était rustique, mais à peu près efficace.




Procédons de même avec cette réforme. On la cogne, ça fait PLOOOONG. En clair, c'est creux.

Diplomate, ouais,
mais faut pas pousser.
Depuis des mois et des mois, ma moitié était fortement impliquée dans cette bataille et le faisait savoir avec son propre tempérament, qui n'est pas le mien.
Par déformation professionnelle sans doute, et aussi parce que j'ai subi plus d'une fois de cuisants revers en mettant peu de gant pour dire le fond de ma pensée à mes interlocuteurs, je suis devenu avec le temps de plus en plus diplomate.

J'ai donc fait mon œuvre habituelle de "nègre" littéraire en devenant sa plume. Puis, le temps passant et son rôle devenant de plus en plus majeur, j'ai fini par m'impliquer nommément et tomber le masque.



J'ai manifesté. Chanté des slogans. Ecrit des tracts, des communiqués de presse.
Je stratégise à donf.


Et surtout, j'ai tenté de réfléchir à des stratégies pour faire bouger les lignes entre le moutonisme national de tous ceux qui étaient concernés par cette réforme, qui allaient en baver et qui ne bougeaient pas une oreille (en mode "de toute façon qu'est-ce qu'on peut faire ?"), et le révolution-point-comisme des protestataires inscrits sur Facebook se foutant des peignées virtuelles les uns les autres à longueur de commentaires.


Résultat : échec et échec.
Il faut plus de temps et d'énergie que ce dont je dispose pour titiller la conscience des foules, leur faire réaliser que des décennies d'éducation à un comportement de suiveur pèsent sur leurs têtes et qu'ils doivent s'émanciper du défaitisme ordinaire.
Débat ordinaire sur Facebook
(allégorie)
De même, malgré un nombre conséquent de tentatives de médiation et d'apaisement, la guerre des ego fait toujours rage sur les groupes de discussion où, selon la formule désormais consacrée, les gens écrivent comme ils pensent, c'est à dire sans filtre, et perdent plus de temps à débattre de untel ou unetelle et ses potentielles intentions cachées de dominer le collectif des protestataires plutôt qu'à réfléchir à enrôler des amis dans la bataille.

Et là, moi, ben j'ai plus de courage.
J'ai des chantiers à finir dans ma maison, je n'ai pas écrit une ligne depuis plus de 4 ans, j'ai laissé tomber trop de choses et me suis tellement laissé bouffer que je ne suis plus que l'ombre de moi-même.

Devine qui va te bouffer ce soir ?
De plus, au risque de jouer les Cassandres, force est d'admettre que mon premier sentiment sur ce combat s'avère aujourd'hui concrétisé : les français dans leur immense majorité sont trop mous pour se battre, attendant tous que quelqu'un d'autre prenne en charge le problème, et lorsque le couperet tombe avec toute la force de l'appareil d'état pour s'assurer qu'aucune tête ne dépasse, on n'entend plus beaucoup de voix pour gueuler au scandale et pour continuer à dire que personne n'a demandé ce merdier.


En résumé, au lieu de se plaindre qu'ils se font écraser la gueule à coups de botte, ils se disputent au sujet de la pointure.


Bonjour les enfants, je suis votre
nouveau nouveau nouveau ministre...
Perspectives ? Là encore, je prophétise, et je souhaite me tromper : d'ici un ou deux ans, un nouveau gouvernement viendra constater la catastrophe financière et le ratage de cible, ficellera à l'arrache une nouvelle réforme qui sera elle aussi "concertée" --notez bien la différence de terme : concerter, c'est se mettre d'accord alors qu'on est sur la même longueur d'onde, alors que négocier, c'est résoudre une dispute en y mettant chacun du sien--, l'école publique subira de nouveau une onde de choc qui verra de nouveau les syndicats prendre chacun leur initiative de protestation dans son coin sans chercher l'efficacité de l'union, et le cirque recommencera son numéro.

Oui, je suis défaitiste.


L'année écoulée me certifie que j'ai raison de l'être : ce combat est perdu, en tout cas sous cette forme. Quand on se bat quasiment seul (ce qui est notre cas dans l'Ile de France, avec 1000 inscrits au groupe Facebook contre la réforme, et même pas 60 personnes qui se déclarent prêtes à venir manifester sur Paname), quand on est isolé jusque dans sa propre ville (ce qui est notre cas à Sannois, où un total mirifique de 4 personnes sur 27 000 habitants ont un jour porté un gilet jaune), ben au bout d'un moment on raccroche son épée au ratelier et on retourne cultiver son champ.
Déprimuri te salutant

Les petites victoires obtenues au tribunal administratif n'ont pas suffi à faire péter cette immondice.



Le Conseil d'Etat, muselé et aux ordres, qui délibère en 1/2 journée sur Dieudonné et n'a toujours pas répondu après 2 ans à Christian Schoettl, ne sera sans doute pas l'instrument de la délivrance attendue.




Je terminerai sur une note négative puis une note positive.

D'abord un extrait d'une chanson qui me parle à chaque fois qu'on me dit "naaaan, je peux pas manifester, j'ai piscine, et pis d'abord faut être adulte, hein, la réforme elle est là, faut faire avec" :
Renaud, "Hexagone" (1975)
"Ils font la fête au mois d'juillet,
En souv'nir d'une révolution,
Qui n'a jamais éliminé
La misère et l'exploitation,
Ils s'abreuvent de bals populaires,
D'feux d'artifice et de flonflons,
Ils pensent oublier dans la bière
Qu'ils sont gouvernés comme des pions"

Quant à la note positive, en forme de "coming-out" politique pour les quelques obscurs qui n'auraient pas encore compris vers quel bord mon cœur balance ces temps-ci, il y a un truc qui s'appelle "Le mouvement pour la 6ème République", qui est porté par Jean-Luc Mélenchon entre autres, qui appelle à une assemblée constituante (une vraie, hein, pas un faux machin façon Assemblée + Sénat à Versailles pour faire plaisir à Sarko comme à l'époque).



Je souscris à cette démarche, et je vous invite à vous en faire une idée et à y souscrire à votre tour.
Si vous voulez savoir pourquoi un type comme moi trouve une résonance dans ce mouvement, si vous voulez savoir pourquoi je pense par exemple que le PS est aussi à gauche que je suis papabile, contactez-moi, on causera, ça sera cool.


Ca se passe ici : http://www.m6r.fr



Merci à celles et ceux qui luttent encore, qui poursuivent et remportent des victoires (bien souvent en province, tant pis pour Paris qui a décidément du mal à bouger son gros boule), et qui gardent le souci des enfants des autres dans ce combat. Désolé de vous lâcher, moi, j'en peux plus. Bon courage et à bientôt (sur les barricades, si tout continue comme aujourd'hui).
--G4rF--

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